Audio : l’alouette qui dit son propre nom

Avant l’aube, lorsque la ligne d’horizon se dessine sur les landes, une double note liquide, sifflée, sort des galets au sol. Un mot simple suit, bien tracé, le chant avec lequel une espèce d’alouette épelle son nom : ricotta.

Et en parlant si clairement, l’alouette ricoti établit une différence avec le reste de ses parents, les alouettes – alouettes dans le ciel, alouettes au sol, alouettes et alouettes des montagnes sur les bords et majanos-, qui, en général, communiquent avec un un long bavardage entrelacé, dans lequel des trilles, des gargouillements, de longues syllabes, composent une véritable énigme même à l’oreille du naturaliste le plus expérimenté. La ricotta est discrète. Combien discrètes sont leurs habitudes de vie.

Ces oiseaux sont très rares, coriaces, rustiques et toujours attachés à leur terre natale, certains quelques pieds de sol caillouteux recouvert de végétation rampante. Au printemps, quand la vie est plus facile, les autres espèces d’alouettes escaladent ces landes pour chanter, mais dans les mois les plus froids de l’hiver, elles sont les seules à rester fermes. Ils supportent le coup du vent du nord recroquevillé sur le sol, souvent enfouis sous une couche de neige soufflée. Ils passent leur temps à détaler parmi les galets, camouflés dans leur plumage brun rayé. Ils sont la quintessence de la résistance, les oiseaux les plus coriaces dans les endroits les plus inhospitaliers. Peu d’habitants de la lande représentent aussi bien la l’esprit de ces terres abandonnées.

Avant l’aube, lorsque la ligne d’horizon se dessine sur les landes, une double note liquide, sifflée, sort des galets au sol. Un mot simple suit, bien tracé, le chant avec lequel une espèce d’alouette épelle son nom : ricotta.