GENÈVE, 28 mars (Reuters) – Une affaire impliquant des milliers de femmes suisses à la retraite est entendue devant un tribunal européen en France, point culminant d’une bataille juridique de six ans au cours de laquelle elles affirment que l’action inadéquate de leur gouvernement contre le changement climatique a violé leurs droits humains .
L’affaire, lancée par le groupe de campagne Greenpeace au nom des femmes, s’est ouverte mercredi devant la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg.
L’affaire a été rejetée à deux reprises par les tribunaux nationaux.
La Suisse soutient que l’affaire est irrecevable, affirmant qu’elle est sans fondement et se demande si les requérants sont considérés comme des victimes.
Signe de son importance, huit autres gouvernements (Roumanie, Lettonie, Autriche, Slovaquie, Norvège, Italie, Portugal et Irlande) se sont joints à l’affaire. Au moins un a fait écho à Berne en appelant à son licenciement.
Six avocats, dont deux d’élite Avocats du King’s Counsel du Royaume-Uni aux côtés de l’équipe d’origine, ont préparé le dossier.
Voici quelques-uns de leurs arguments :
– Le dossier, ou requête en jargon juridique, allègue quatre violations de la Convention européenne des droits de l’homme (art. 2, 6, 8 et 13) dont le droit à la vie.
– Ils disent que l’âge et le sexe des femmes les placent dans l’une des catégories citées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies comme étant les plus exposées au risque de mortalité liée à la température. Il cite également le GIEC affirmant que les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique.
– L’affaire utilise des preuves émergentes selon lesquelles les femmes âgées sont moins capables de réguler leur température corporelle que les autres. Il cite plusieurs rapports dont un 2014 Organisation mondiale de la santé document qui indique que la majorité des études européennes montrent que les femmes sont plus à risque de mourir des vagues de chaleur.
– Il indique qu’environ 30% des décès liés à la chaleur en Suisse peuvent être attribués au changement climatique ces dernières années, citant une étude de 2021 publiée dans la nature.
– La Suisse vise à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et à atteindre zéro net d’ici 2050. Les avocats des requérants affirment que ses objectifs sont « terriblement insuffisants ».
– Ils visent en particulier la stratégie de la Suisse d’acheter des réductions d’émissions à l’étranger et de les comptabiliser dans les objectifs nationaux – une stratégie qui relève examen des médias lors du sommet sur le climat COP27.
– Les avocats demandent à la Chambre d’ordonner des mesures dites « générales » rarement accordées qui, dans ce cas, signifient des objectifs concrets de réduction des émissions dans un délai déterminé.
Reportage d’Emma Farge; édité par Christina Fincher et Giles Elgood
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