L’empoisonnement au plomb cause la mort de milliers de rapaces en Europe

La empoisonnement au plombou empoisonnement au plomb, est un problème qui affecte de nombreux oiseaux sauvages qui habitent les territoires où la chasse est pratiquée. Selon les données de la Agence européenne des substances et mélanges chimiquesEntre 400 000 et 1,5 million d’oiseaux aquatiques meurent chaque année dans l’Union européenne en raison d’un empoisonnement au plomb.

Dans le cas des oiseaux de proie, l’empoisonnement se produit lorsque consommer des proies qui ont été blessées ou tuées après avoir été abattues et contiennent des restes de munitions dans leur chair. L’ingestion de plomb peut entraîner diverses altérations de la physiologie et du comportement des animaux, voire entraîner la mort dans les cas les plus graves. le nouveau travail, publié dans la revue ‘Science of The Total Environment‘, a procédé à un examen des données publiées ces dernières années sur les niveaux de plomb dans le foie des carcasses de plus de 3 000 oiseaux de proie trouvés dans plus d’une douzaine de pays européens. À l’aide de modèles statistiques, les auteurs ont estimé la taille qu’auraient eue les populations de rapaces d’Europe sans l’impact de ce facteur de mortalité supplémentaire Qu’est-ce que l’empoisonnement au plomb? Les résultats ont révélé que, chez 10 des espèces étudiées, le plombisme a causé l’absence d’environ 55 000 oiseaux adultes dans le ciel européen.

Quelles sont les espèces les plus touchées ?

Selon les données offertes par l’étude, les aigles seraient l’un des groupes les plus touchés par le plombisme, car ce sont des espèces vivaces qui se reproduisent tardivement et ont peu de progéniture par an. La population d’aigles blancs (Haliaeetus albicilla) est aujourd’hui un 14% plus petit qu’il ne l’aurait été de ne pas avoir subi plus d’un siècle d’exposition à des niveaux mortels de plomb dans leur alimentation. De même, les populations de Aigle royal (Aquila chrysaetos) et vautour fauve (Gyps fulvus) ont également subi une diminution de 13 et 12 % respectivement. Dans le cas de l’autour des palombes (Accipiter gentilis), on parlerait de 6%, et de 3% pour le cerf-volant rouge (Milvus milvus) et le busard des roseaux (Circus aeruginosus). Dans le cas de buse variable (Buteo buteo), l’impact serait de 1,5 %, mais, comme il s’agit d’une espèce très répandue, ce chiffre se traduit par près de 22 000 adultes de moins en raison de l’impact du plomb.

Une enquête menée par les mêmes auteurs a retrouvé du plomb dans plus de 99% des faisans chassés au Royaume-Uni

De plus, les chercheurs ont pris données recueillies depuis les années 1970 et ils ont suivi ce qu’ils ont appelé la « densité des chasseurs » (nombre moyen de chasseurs par kilomètre carré dans chaque pays). Comme on pouvait s’y attendre, les endroits où la densité de chasseurs était plus élevée ont trouvé plus d’oiseaux de proie empoisonnés.

Alternatives au plomb

le plomb est un métal toxique qui est remplacé dans la plupart de ses applications (essence, tuyaux, peintures…), mais il est encore largement utilisé dans les munitions de chasse. En plus de provoquer des intoxications chez les animaux, le plomb contamine également l’eau et le sol des écosystèmes où il est rejeté.
Bien qu’il existe diverses alternatives brevetées, telles que les cartouches en acier, la vérité est que les munitions au plomb sont toujours majoritaires. Une enquête menée par les mêmes auteurs a révélé plomb dans plus de 99% des faisans chassés au Royaume-Uni. « L’utilisation généralisée et continue des munitions au plomb signifie qu’à moins que les choses ne changent, la chasse sportive ne peut pas être considérée comme durable aujourd’hui », explique l’auteur principal et scientifique de la conservation au Université de Cambridge et de la Société royale pour la protection des oiseaux (RSPB), RhysGreen. « Jusqu’à présent, les efforts pour encourager les substitutions volontaires de grenailles de plomb ont été totalement inefficaces. »

Pour les auteurs, les résultats de cette étude devraient être suffisants pour promouvoir un changement législatif énergique qui empêche la destruction et l’empoisonnement de l’habitat causé par le plomb. Actuellement, seuls deux pays européens – le Danemark et les Pays-Bas – ont interdit l’utilisation de la grenaille de plomb. En Espagne, la loi 42/2007 sur le patrimoine naturel et la biodiversité interdit l’utilisation du plomb pour la chasse dans les zones humides incluses dans la Convention de Ramsar et dans le Réseau Nature 2000. De plus, en 2020, le Parlement européen a voté pour restreindre l’utilisation des munitions au plomb dans toutes les zones humides, et le règlement 1907/2006, dit le Reach, a introduit dans son annexe VII une restriction pour l’utilisation des munitions au plomb dans les zones humides de manière générale. et dans un périmètre de 100 mètres autour d’eux. Cette interdiction entrera en vigueur dans toute l’Union européenne en février 2023.

« La souffrance et la mort évitables de nombreux rapaces individuels par empoisonnement au plomb devraient être suffisantes pour nécessiter l’utilisation d’alternatives non toxiques », déclare Debbie Pain, co-auteur de l’étude et professeur à l’Université de Cambridge. De plus, les chercheurs notent que leurs estimations sont conservatrices, puisque les données sur les rapaces empoisonnés sont limitées et très difficiles à collecter. Pour de nombreuses espèces d’oiseaux, en particulier les plus rares, il n’y a pas suffisamment de données pour déterminer le risque, il est donc probable que le nombre réel d’animaux affectés soit bien supérieur à celui estimé dans les travaux.