Tout en un : les eurodéputés espagnols s’inclinent devant les intérêts du chalutage

Le 3 mai, le Parlement européen a voté le rapport de économie bleue, pêche et aquaculture de l’eurodéputée socialiste portugaise Isabel Carvalhais. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une résolution législative, ce fut l’occasion de montrer le véritable engagement des députés européens (ci-après les députés européens) en faveur de la durabilité, conservation de la biodiversitéla changement climatique et pêche artisanaledepuis le vote du texte qui demandait l’interdiction du chalutage, l’art le plus dommageable pour les fonds marins, au sein des aires marines protégées, était en jeu.

Il est étonnant qu’il y ait encore un débat sur l’opportunité d’utiliser ou non des filets lourds dans les zones marines protégées qui détruisent tout sur leur passage, y compris réservoirs de carbone qui stockent le CO2 de l’atmosphère et sont, dans certains cas, intactes depuis des milliers d’années. Il y a un double bâton de mesure entre la mer et la terre. Sur terre, il ne nous vient pas à l’esprit de nous demander s’ils devraient ou ne pas déboiser les parcs nationaux.

« Ils prétendent souvent être les représentants de la filière, mais ils représentent plutôt les grandes entreprises du parc industriel »

Malgré le bon sens de ladite proposition, lors de l’analyse des votes, il ressort que les députés espagnols ont été ceux qui ont voté le plus en faveur de la poursuite de cette pratique néfaste, quelle que soit leur couleur politique. Il est gênant de voir comment le gouvernement espagnol se vante publiquement de ses engagements en matière de développement durable et plus précisément avec aires marines protégées tandis que les représentants de l’Espagne à Bruxelles votent contre la protection de la biodiversité de nos eaux.

Si la proximité du secteur de la pêche industrielle avec le PP est bien connue, il est surprenant de voir à quel point les lobbies industriels semblent également conquérir même le cœur des politiciens les plus progressistes. Les eurodéputés du PSOE ont été les seuls socialistes de toute l’Europe à avoir décidé de sauter les recommandations de vote de leur propre parti européen et de s’aligner sur le PP et Vox, en votant contre le texte de leur partenaire socialiste portugais. Dix-sept de ses vingt et un députés européens ont sauté la ligne de vote des socialistes européens et ont voté en faveur du chalutage dans les aires marines protégées, y compris même certains membres de la commission de l’environnement. Seulement quatre, iratxe garcia, Jean-Ferdinand Lopez, César Luna Oui Domènec Ruizils ont voté contre l’amendementdans la lignée de leurs collègues européens, et en faveur d’une meilleure gestion des aires marines protégées et de la biodiversité.

Le lobby de la pêche a rempli ses objectifs.  (Stock)

De même, plusieurs MPE de Podemos et Anticapitalistas ont été les seuls de toute la gauche européenne à s’être écartés de la ligne de vote de leur propre parti européen, favorable à l’interdiction du chalutage dans les aires marines protégées, en s’abstenant lors du vote. Ses compagnes de la gauche européenne, Sira Rego Oui Tarière de forageOui ont défendu par leur vote la protection de la mer. D’autre part, cinq sur neuf à Ciudadanos ont également voté en faveur du maintien de l’autorisation du chalutage, qui suit généralement les recommandations de vote du député européen PNV sur les questions de pêche. Dans ce cas, certains de leurs collègues libéraux dans d’autres pays ont fait de même.

Le fait que les MPE espagnols, quelle que soit leur affiliation politique, aient voté en faveur d’une pratique de pêche aussi néfaste, passant même outre les recommandations de vote européennes, est la preuve de la influence des lobbies de l’industrie de la pêche en Espagne. Ils se revendiquent souvent comme les représentants de la filière, mais représentent plutôt les grandes entreprises de la flotte industrielle, laissant de côté les intérêts des communauté de pêcheurs artisanaux et société civile.

Les arguments de l’industrie que nous supposons les avoir convaincus se réfèrent aux emplois qui seront perdus en raison de la diabolisation d’un engin de pêche par l’Europe et le Lobby des ONG. Nous, les organisations environnementales, sommes loin d’ignorer ceux qui dépendent de ce type de pêche, mais face aux crises du climat et de la biodiversité, nous ne pouvons continuer à justifier des politiques contraires à la durabilité. La nécessité d’adapter les activités extractives à un modèle respectueux de l’environnement est plus évidente que jamais, y compris des solutions d’avenir pour les personnes qui dépendent d’une activité nuisible qui sans doute ou retarde tu dois changer.

Le vote expose l’Espagne à l’ensemble de l’Europe, qui est abasourdi par l’hypocrisie des partis politiques qui, loin de défendre la pêche artisanale et la durabilité, rejoignent leurs collègues plus conservateurs, pour défendre l’indéfendable. En vue des prochaines élections en 2023, les partis espagnols devraient faire preuve de plus de cohérence et de transparence quant à leurs véritables intentions concernant le protection de la biodiversité marineet font passer l’intérêt général avant celui des lobbies industriels dans leurs politiques.

Silvia García est scientifique marine principale à Oceana, Cecilia del Castillo
est responsable de la pêche chez Ecologistas en Acción et Andrea Ripol est responsable de la politique de la pêche chez Seas At Risk

Le 3 mai, le Parlement européen a voté le rapport de économie bleue, pêche et aquaculture de l’eurodéputée socialiste portugaise Isabel Carvalhais. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une résolution législative, ce fut l’occasion de montrer le véritable engagement des députés européens (ci-après les députés européens) en faveur de la durabilité, conservation de la biodiversitéla changement climatique et pêche artisanaledepuis le vote du texte qui demandait l’interdiction du chalutage, l’art le plus dommageable pour les fonds marins, au sein des aires marines protégées, était en jeu.